Continuons notre étude du premier assaut avec la seconde partie.
La source
Modo da tenere in questa seconda parte.
Essendo tu rimaso con la spada in porta di ferro alta de qui le dibisogno che sempre mai tu guardi de gioco largo alla spada dal megio inanci, e de gioco stretto tu guarderai alla man manca per amore delle prese e viste.
Ma preponiamo che de gioco largo lui te caciasse una ponta infalso per defora per desconciarte per possere dare de qualche mandritto, o de botta altra alhora tu alla ditta ponta tu la butterai con el falso della Spada tua un poco infora, e insieme tu crescerai de la tua gamba manca forte inanci, e si li spingerai de una ponta incrosiata per la facia, e spinto che tu haverai la ditta ponta, tu passarai della tua gamba dritta inverso alle parte manche del nimico, e in tale passare tu li tirerai de uno falso desotto insuso per la man dritta, e la gamba manca seguira la dritta per de drieto non te fermando che tu traghe uno tramazon che acali in cinghiara porta de ferro con la tua gamba mancha inanci, alhora per tuo reparo tu tirerai la gamba manca apresso alla dritta, e il parerai la botta del nimico in guardia de Croce, e parato che haverai la ditta botta, tu butterai il pie dritto due spanne de drieto del manca, & si li tirerai de uno falso de sotto insuso dritto per le mani, e in tal tirare la gamba manca se andara forte de drieto dalla dritta. Siche in questo modo tu serai andato con la spada in porta di ferro larga.
La façon de tenir dans cette seconde partie.
Étant resté avec l’épée en porta di ferro alta, de là il est nécessaire que toujours tu regardes la moitié avant de son épée pour le jeu large, et pour le jeu rapproché tu regarderas sa main gauche, en raison des prises et des feintes.
Mais supposons qu’au jeu large il te pousse une punta in falso par l’extérieur pour te déconcerter afin de te donner quelques mandritti ou toute autre botte. Alors tu frapperas cette punta un peu vers l’extérieur avec le faux fil de ton épée et en même temps tu avanceras de ta jambe gauche fortement devant, et alors tu lui pousseras une punta incrociata à la face. Et aussitôt cette punta tirée, tu passeras de ta jambe droite vers son côté gauche, et dans ce pas tu lui tireras un falso de bas en haut à la main droite, et la jambe gauche suivra la droite par-derrière. Sans t’arrêter, tu tailleras un tramazzone qui tombera en cinghiara porta di ferro avec la jambe gauche devant. Puis pour te couvrir, tu tireras la jambe gauche près de la droite et tu pareras la botte de l’ennemi en guardia di croce. Et ayant paré celle-ci, tu jetteras le pied droit de deux empans derrière le gauche et alors tu lui tireras un falso de bas en haut à ses mains, et la jambe gauche ira fortement derrière la droite dans cette frappe. Ainsi de cette façon tu seras allé avec l’épée en porta di ferro larga.
Analyse
Détaillons maintenant chaque élément de cette partie.
Étant resté avec l’épée en porta di ferro alta, de là il est nécessaire que toujours tu regardes la moitié avant de son épée pour le jeu large, et pour le jeu rapproché tu regarderas sa main gauche, en raison des prises et des feintes.
Il s’agit ici de conseils généraux pour le jeu. On repart de la garde de fin de la première partie, la porta di ferro alta : pied droit devant, épée à notre flanc gauche avec les mains bien portées sur l’avant, la pointe dirigée vers le visage adverse.
Mais supposons qu’au jeu large il te pousse une punta in falso par l’extérieur pour te déconcerter afin de te donner quelques mandritti ou toute autre botte. Alors tu frapperas cette punta un peu vers l’extérieur avec le faux fil de ton épée et en même temps tu avanceras de ta jambe gauche fortement devant, et alors tu lui pousseras une punta incrociata à la face.
Nous commençons ici en étant patient, c’est-à-dire que notre adversaire nous attaque en premier. Celui-ci nous pousse donc une punta in falso à notre extérieur, notre côté droit. Cette attaque est faite pour que l’on réalise une parade trop large ce qui découvrirait notre côté gauche, et ainsi notre adversaire pourrait frapper de mandritto à celui-ci sans être inquiété.
Afin d’éviter cela, nous allons parer d’un falso manco en évitant de trop écarter notre lame vers la droite. On suit cette parade d’un estoc avec les mains croisées, une punta incrociata¸ donc les mains sur notre côté gauche. Pour la hauteur de celles-ci, j’ai tendance à penser qu’il faut les monter à la façon d’une guardia di croce. Mais on pourrait aussi les avoir à hauteur de flanc. Nous manquons de précisions sur ce point dans le traité et l’expérimentation n’a pas encore permis de favoriser une hypothèse plutôt qu’une autre. Le déplacement, lui, se réalise sur la parade de faux tranchant comme indiqué par le texte.
Et aussitôt cette punta tirée, tu passeras de ta jambe droite vers son côté gauche, et dans ce pas tu lui tireras un falso de bas en haut à la main droite, et la jambe gauche suivra la droite par-derrière.
Voilà un passage qui m’a posé problème. Comment enchainer de falso suite à cet estoc ? À première vue, on se retrouve dans une situation semblable à la fin de la première partie où l’on tire un falso dritto depuis la guardia di croce. Or nous sommes ici en présence de la lame adverse et armer le falso vers l’arrière nous découvrirait totalement.
En regardant la suite de l’assaut, on note ce passage dans la septième partie :
[…] tu lui pousseras une ponta incrosiata par l’extérieur à son côté droit, touchant le falso de son épée avec ton droit fil. Et regardes bien que quand tu pousseras cette ponta, il est nécessaire que tu passes fortement de ta jambe gauche devant vers le côté droit de l’ennemi, et en faisant que la jambe droite suit la gauche par derrière. Et sache que lui par peur de cette ponta se découvrira tout son côté gauche.
On retrouve dans ce passage la même situation. Mais nous avons en plus une indication sur ce que fait notre adversaire en réaction. Il pousse notre lame vers son côté droit. Il réalise donc certainement ici le même genre de parade en écartant notre lame vers notre gauche et en levant les mains. Ainsi pour réaliser ce falso, il suffit donc laisser tomber la pointe de notre épée. Notre épée remontera alors en falso dans les bras adverses. Les quelques expérimentations réalisées en opposition sur cette partie ont permis de confirmer cette mécanique. On se retrouve ainsi dans une situation symétrique à celle de la première partie qui utilise la guardia di faccia.
Sans t’arrêter, tu tailleras un tramazzone qui tombera en cinghiara porta di ferro avec la jambe gauche devant.
Une fois notre épée posée sous la main adverse, l’enchainement avec un tramazzone se réalise naturellement. On peut préciser aussi qu’il s’agit d’un mandritto tramazzonne vu que l’on termine en garde de cinghiara porta di ferro. Cette garde se réalise avec le pied gauche devant, comme précisé ici, et de travers vers la gauche comme cela est décrit à d’autres endroits du traité. Or nous étions précédemment avec notre jambe droite devant et le déplacement n’est pas défini ici dans le texte. Libre à nous donc d’en choisir le sens. Dans ce cas précis, je préfère le réaliser vers l’avant pour rester dans le sens des actions qui précédent (nous avons rarement dans le traité des mélanges de pas avant et arrière au sein d’un même enchainement de frappes).
Puis pour te couvrir, tu tireras la jambe gauche près de la droite et tu pareras la botte de l’ennemi en guardia di croce. Et ayant paré celle-ci, tu jetteras le pied droit de deux empans derrière le gauche et alors tu lui tireras un falso de bas en haut à ses mains, et la jambe gauche ira fortement derrière la droite dans cette frappe. Ainsi de cette façon tu seras allé avec l’épée en porta di ferro larga.
On retrouve ici exactement la même couverture que dans la première partie. On peut remarquer d’ailleurs qu’il précise ici l’utilisation de la guardia di croce mais oublie la nature du falso, que l’on peut supposer dritto ici comme dans la première partie.
Synthèse
Voici décrites sous forme de tableau les différentes actions de cette première partie.
Garde |
Déplacement |
Frappe |
Cible |
Porta di ferro alta |
Fort pas avant jambe gauche |
Falso manco |
Estoc adverse |
Punta incrociata |
Face |
||
Pas avant jambe droite à droite |
Falso |
Main droite |
|
La jambe gauche suit derrière la droite |
|||
Pas avant jambe gauche |
Mandritto Tramazzonne |
||
Cinghiara porta di ferro |
Ramène jambe gauche à côté de la droite |
Guardia di Croce |
Face |
Guardia di Croce |
Pas arrière jambe droite de deux empans |
||
Fort pas arrière jambe gauche (gamba levata) |
Falso dritto montant |
Mains |
|
Porta di ferro larga |
Interprétation
Au final, cette partie est bien plus compliquée à exécuter proprement que prévu. On notera principalement que le déplacement de la jambe gauche derrière la droite sur le falso aux mains n’est pas assez marqué et la garde de Cinghiara porta di ferro est prise bien trop basse.
Soyez le premier à commenter